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La Rédac'Perma Permaculture et jardin vivant 🐝 1,7 million de voix pour les abeilles : que cache vraiment la loi Duplomb ?

🐝 1,7 million de voix pour les abeilles : que cache vraiment la loi Duplomb ?

Depuis plusieurs jours, une pétition en ligne fait trembler les institutions françaises. À la date du 23 juillet 2025, elle a déjà recueilli plus de 1,7 million de signatures. Son objectif : demander l’abrogation de la loi Duplomb, promulguée en catimini début juillet. Une mobilisation historique, portée par une étudiante de 23 ans, relayée par les réseaux sociaux et les ONG, et soutenue par des citoyens de tous horizons.

Mais au fond, que contient cette loi controversée ? Pourquoi une telle levée de boucliers ? Et que peut vraiment changer une pétition, aussi massive soit-elle ?

🧪 Que dit la loi Duplomb ?

Adoptée début juillet 2025, la loi Duplomb vise officiellement à répondre aux besoins urgents de certaines filières agricoles, notamment la noisette et la betterave, fortement exposées aux attaques de ravageurs. Pour ce faire, elle autorise de nouveau l’usage de l’acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes.

Ces molécules agissent sur le système nerveux des insectes… et sont tristement célèbres pour leurs effets dévastateurs sur les pollinisateurs, en particulier les abeilles. L’Union européenne a d’ailleurs interdit la plupart de ces substances depuis 2018.

🔍 L’acétamipride est aujourd’hui l’un des seuls néonicotinoïdes encore autorisés en Europe. Mais de nombreuses études pointent ses effets sublétaux sur les insectes, la faune aquatique, et potentiellement la santé humaine.


🖊️ Une pétition citoyenne fulgurante

Tout commence le 10 juillet. Éléonore Pattery, étudiante en Master QSE-RSE, dépose une pétition sur la plateforme officielle de l’Assemblée nationale. Elle y dénonce une loi « contraire à la science, à l’éthique et à la santé publique ».

En moins d’une semaine, 100 000 signatures sont atteintes, permettant la publication officielle. Deux jours plus tard, le cap des 500 000 est franchi, condition pour que l’Assemblée nationale puisse être saisie du sujet. Le 20 juillet, un million de personnes ont signé. Et au matin du 23 juillet, on approche les 1,7 million de soutiens.

📱 Ce raz-de-marée numérique s’explique en partie par la mobilisation des réseaux sociaux. Des influenceurs comme Bon Pote, ainsi que des ONG (Greenpeace, Générations Futures…), ont relayé massivement la pétition. Même des personnalités du monde du spectacle ou de la culture s’en sont emparées.


🗳️ Une mobilisation démocratique… mais avec quelles conséquences ?

Contrairement à ce que certains imaginent, une pétition citoyenne ne permet pas d’annuler une loi. Elle peut toutefois entraîner un débat officiel à l’Assemblée nationale, si elle dépasse le seuil des 500 000 signatures — ce qui est largement le cas ici.

La Conférence des présidents pourrait inscrire ce débat à l’ordre du jour en septembre, probablement autour du 16 septembre 2025.

En parallèle, le Conseil constitutionnel a été saisi par un groupe de parlementaires. Sa décision est attendue d’ici au 11 août. Il pourrait juger la loi contraire à certains principes constitutionnels (environnement, santé publique…), ce qui permettrait son annulation.

Mais rien n’est garanti. D’où l’importance de cette mobilisation citoyenne, qui dépasse le cadre purement législatif.


🐝 Des enjeux écologiques majeurs

Derrière cette loi se joue une question de fond : quelle place donne-t-on encore à la biodiversité dans nos choix politiques ?

Depuis des années, les néonicotinoïdes sont dénoncés pour leurs effets toxiques sur les abeilles, papillons, vers de terre, oiseaux insectivores, etc. Ils perturbent l’orientation des butineuses, affaiblissent l’immunité des colonies, et contribuent au déclin massif des insectes pollinisateurs.

Des alternatives existent pourtant : cultures associées, biodiversité fonctionnelle, biocontrôle… mais elles nécessitent des investissements, de la formation, et du temps.

En autorisant à nouveau l’usage de telles substances, la loi Duplomb semble faire le choix du court terme productiviste, au détriment d’une vision agroécologique de long terme.


🌾 Ce que disent aussi les agriculteurs

Pour certains producteurs, notamment dans la filière noisette ou betterave, l’acétamipride est perçu comme un outil indispensable. Ils dénoncent l’absence de solutions efficaces pour lutter contre certains ravageurs, et craignent des pertes économiques majeures.

Cette pétition met donc en lumière une tension bien réelle entre deux mondes :

  • d’un côté, une société civile de plus en plus sensibilisée aux enjeux écologiques,
  • de l’autre, une agriculture confrontée à des défis techniques, économiques et climatiques.

Plutôt que de les opposer, cette crise devrait inciter à poser les bonnes questions :
👉 Pourquoi les alternatives n’ont-elles pas été mieux soutenues ?
👉 Où sont passés les moyens promis pour accompagner la transition agroécologique ?
👉 Que fait-on, concrètement, pour protéger les insectes pollinisateurs ?


🧭 Et maintenant, que peut-on faire ?

Même si cette pétition n’abroge pas la loi, elle constitue une alerte démocratique majeure. Elle montre que les citoyens ne veulent plus être mis devant le fait accompli, surtout quand il s’agit de santé publique ou d’environnement.

🔹 Le Conseil constitutionnel peut encore invalider la loi.
🔹 Le débat parlementaire de septembre peut relancer la discussion publique.
🔹 Les mobilisations locales, les lettres aux députés, les relais médiatiques peuvent faire pression sur l’exécutif.

Et au-delà, cette affaire montre l’urgence d’un vrai dialogue entre décideurs, scientifiques, agriculteurs et citoyens.


🌿 Conclusion : un combat qui ne fait que commencer

Que l’on signe ou non la pétition, une chose est claire : cette mobilisation révèle un besoin profond de cohérence entre les discours écologiques et les actes politiques.

Chez La Rédac’ Perma, nous croyons à une agriculture respectueuse du vivant. Aux alternatives concrètes. Et à la force d’une démocratie vivante, où chaque voix compte.

« Lorsque le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors seulement vous découvrirez que l’argent ne se mange pas. »
— Proverbe amérindien


✍️ Pour aller plus loin

🔗 Signer la pétition officielle (via FranceConnect) :
👉 https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives/i-3014

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